Les huiles essentielles
Des trésors naturels aux multiples facettes
Les huiles essentielles, véritables joyaux extraits des plantes, sont des alliées précieuses pour la santé et le bien-être. Mélange de composés organiques volatils, elles confèrent saveur et parfum aux plantes, qualifiées alors d'aromatiques.
Leur présence dans des aliments courants comme le café, les olives, le beurre, les amandes, les tomates, les mangues, les pêches, les carottes et les choux témoigne de leur sécurité alimentaire. Cependant, leur extraction concentre leurs propriétés, qu'elles soient bénéfiques ou non.
En effet, les huiles essentielles ont plusieurs activités (antimicrobienne, antioxydante, anticancéreuse, et autre) permettant leur utilisation dans des domaines comme la thérapie (pour l’homme et les animaux de ferme), la conservation alimentaire et dans l'agriculture (comme pesticides). Leur utilisation est de plus en plus prisée pour remplacer les produits chimiques plus toxiques et ayant engendré une résistance.
1. Obtention des huiles essentielles : un processus subtil
Dans le monde des plantes, les huiles essentielles sont synthétisées par une multitude de végétaux afin de remplir différentes fonctions telles qu'attirer les insectes et communiquer avec d'autres végétaux
Il existe d’autres techniques d’extraction, comme la pression à froid (expression) généralement utilisée pour extraire les huiles d'agrumes.
Pour les obtenir, on peut utiliser plusieurs techniques d’extraction, dont la plus connue et la plus utilisée est la distillation. L’hydrodistillation consiste à bouillir le matériel végétal dans l’eau (comme les roses) et la vapo-distillation consiste à utiliser la vapeur qui traverse le matériel. Les composants volatiles sont alors vaporisés et puis condensés en deux phases : huile essentielle et eau aromatique (ou hydrolat, contenant une faible concentration de composés odorants plus solubles dans l’eau).
Les huiles essentielles peuvent être extraites de plusieurs parties comme les fleurs (rose), feuilles (menthe poivrée), fruits (citron), racines (vétiver), rhizomes (gingembre), bois (cèdre), écorces (cannelle), gommes (encens), bulbes (ail) et boutons floraux séchés (girofle).


Les huiles obtenues sont généralement liquides, avec des exceptions : solides pour l’iris et semi-solides dans le cas du bois de gaïac par exemple.
Aussi, la plupart des huiles sont incolores ou jaune pâle, alors que d’autres peuvent être profondément colorées, comme la camomille bleue et la valériane européenne verte.
2. Composition des huiles essentielles : une palette chimique complexe
Les huiles essentielles présentent une composition complexe, regorgeant de dizaines de molécules, dont principalement les terpénoïdes et les phénylpropanoïdes. Les premiers sont synthétisés via les voies de l’acide mévalonique et du méthylérythritol phosphate, alors que les derniers sont synthétisés par la voie de l’acide shikimique.
La plupart de ces composants sont largement répartis dans tout le règne végétal et font partie des :
Hydrocarbures (exemple : p-cymène) ;
Alcools (exemple : (+)-linalol) ;
Phénols (exemples : thymol et carvacrol) ;
Aldéhydes (exemple : cinnamaldéhyde) ;
Cétones (exemple : (+)-camphor) ;
Esters (exemple : acétate de linalyle) ;
Esters carboxyliques (exemple : (-)-menthylacétate) ;
Éthers (exemple : safrole) ;
Oxydes (exemple : 1,8-cinéole) ;
Peroxydes (exemple : ascaridole) ;
Lactones (exemple : coumarin) ;
Acides carboxyliques (exemple: acide benzoïque) ;
Furanes (exemple : α-agarofuran) ;
Furanocoumarines (exemple : bergaptol) ;
Composés inorganiques (exemple : cyanure d'hydrogène) ;
Composés azotés (exemple : indole) ;
Composés soufrés (exemple : isothiocyanate d'allyle).
Thymol
1,8-Cinéole
Isothiocyanate d'allyle
L’huile essentielle extraite n’a pas la même composition que l’huile présente dans la plante car des molécules peuvent se perdre ou subir des changements chimiques lors de l’extraction. Par exemple, les esters, comme l'acétate de linalyle, peuvent s'hydrolyser partiellement en alcools pendant la distillation.
Les composants se trouvent dans l’huile à différentes concentrations. Un à deux composés sont généralement dominants et influencent l’activité de l’huile (l’huile d’eucalyptus peut contenir 75% de 1,8-cinéole). D’autres molécules représentent moins de 1% de l’huile, mais influencent comme-même son action. Quelques-uns peuvent se trouver sous forme de trace (l’huile de mandarine peut contenir seulement 0,002% de 1,8-cinéole). L’effet de l’huile est généralement la somme des effets de chaque constituant, qui a son odeur et ses caractéristiques spécifiques.
La concentration des composants varie (même dans la même espèce) à cause de plusieurs facteurs : localisation de la plante (climat, type de sol …), conditions de la récolte, technique d’extraction et la génétique de la plante. Les plantes de la même espèce produisant différents profils chimiques sont nommées chémotypes.
La composition des huiles est étudiée par plusieurs techniques d’analyse, dont la plus connue est la chromatographie à phase gazeuse, qui permet de séparer les constituants des huiles. Ensuite, les molécules sont identifiées par des techniques couplées à la chromatographie, comme la spectrométrie de masse et la spectroscopie de résonance magnétique nucléaire (RMN).
Ces techniques permettent aussi de détecter la présence de contaminants (comme les esters de phtalates et les biocides), des artefacts (structure artificielle) de la distillation et des adultérants ajoutés volontairement par les producteurs pour augmenter le volume, et donc le gain.
Source :
Livre : Tisserand Robert & Young Rodney (2014). Essential oil safety. A guide for health care professionals, Elsevier, Second Edition. ISBN 978-0-443-06241-4
Pour aller plus loin :
Décryptage de l'Aromathérapie. Une plongée au cœur des bienfaits naturels.
La production d'huiles par les plantes.
La puissance thérapeutique des plantes médicinales. Vue d'ensemble des troubles soignés.